Le 15 avril 1989, des dizaines de milliers       d'étudiants se réunissaient sur la place Tian'anmen, à       Pékin, à l'occasion des obsèques de l'ancien premier       Ministre, Hu Yaobang. Les manifestations s'étendirent rapidement à       l'ensemble des grandes villes chinoises et prirent une ampleur inattendue       : des millions de Chinois réclamaient, dans une ambiance euphorique,       démocratie et liberté. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 les       tanks sont entrés dans les rues de Pékin,       les coups de mitraillettes ont résonné dans la capitale provinciale       de Chengdu, partout la répression s'est abattue.       On estime que plus d'un millier de Chinois ont trouvé la mort durant       ces journées de terreur.
              La date anniversaire de cet événement est       attendue en Chine avec une grande nervosité, tant au sein de la population       que du gouvernement. Depuis dix ans, la position       de celui-ci n'a pas évolué. Les manifestants du Printemps de       Pékin de 1989 sont toujours considérés comme des "émeutiers".       À ce titre, ils continuent d'être en       butte à des arrestations arbitraires, harcelés dans leur vie       professionnelle et quotidienne – quand ils ne croupissent pas       dans les laogai, les "camps de réforme par le travail". On estime       en effet à quelques centaines le nombre des prisonniers toujours détenus,       soit qu'ils aient directement participé au       Mouvement démocratique de 1989, soit qu'ils aient été       incarcérés par la suite pour avoir tenté, les années       suivantes, de commémorer le massacre.
La logique qui a inspiré la répression du 4 juin est donc toujours en vigueur. D'autant que Jiang Zemin (Président de la République) et Li Peng (Président de l'Assemblée Nationale Populaire), deux de ses principaux ordonnateurs, demeurent toujours à la tête du pays.
 Au cours des mois d’avril et mai 1989, se sont déroulées à       Pékin et dans les autres grandes villes de Chine d’immenses manifestations       pour la démocratisation du pays; ce mouvement démocratique se situait dans       la continuité d’ons pour la démocratisation du pays; ce mouvement démocratique       se situait dans la continuité d’e situait dans la continuité d’une opposition       de longue date depuis 1949 (fondation de la République Populaire de Chine)       entre démocratie et dictature, liberté et servitude, droiture et malhonnêteté.       C’était une tentative à grande échelle pour accéder à une nouvelle façon de       vivre du peuple chinois, avide d’intégrer la mouvance mondiale démocratique. 
            
 Les 3 et 4 juin, le gouvernement a lancé, sans hésitation,       des centaines de milliers de soldats pour réprimer dans un bain de sang ce       mouvement démocratique. Les conséquences furent de faire perdre des êtres       chers à des milliers de familles, de blesser des dizaines de milliers de personnes       et d’en rendre certaines handicapées. 
            
 Il est impératif       que le gouvernement chinois cesse de poursuivre ceux qui ont participé aux       évènements ayant mené au 4 juin 1989 et réhabilite la mémoire de ceux qui       ont versé leur sang pour la démocratie. Je pense que si l’on veut parler de       la question des droits de l’homme en Chine, l’on doit impérativement reconsidérer       les évènements du 4 juin et tout particulièrement ne pas oublier l’immense       souffrance subie par les familles des victimes.
            
 Nous pouvons prendre l’attitude du gouvernement par rapport       aux évènements du 4 juin comme un indice pour mesurer la situation des droits       de l’homme en Chine. Du moment que le gouvernement chinois n’est pas prêt       à revoir sa position sur le 4 juin et à régler les problèmes laissés en suspens       depuis, nous n’avons aucune raison de croire à un véritable changement de       la politique chinoise sur la question des droits de l’homme. 
            
 Depuis des années, le gouvernement intensifie les répressions contre       les opposants politiques, les adeptes des religions non officielles et les       syndicalistes. Ceci prouve bien que le gouvernement applique toujours la politique       de répression à leur égard comme il y a dix ans au moment des évènements de       Tian’anmen, c’est à dire qu’ils sont encore considérés comme des criminels       représentant un danger contre la sûreté de l’Etat. Ainsi, les droits       de l’homme les plus fondamentaux et la liberté de ces citoyens sont complètement       niés. C’est pourquoi, si la réhabilitation du 4 juin n’a pas lieu, ces répressions       ne cesseront pas et il n’y aura pas d’espoir pour la démocratisation en Chine.